Le géant chinois de l’immobilier China Evergrande s’apprête à être exclu de la Bourse de Hong Kong, après avoir échoué à restructurer une dette colossale. Une faillite emblématique d’une crise systémique qui pèse lourdement sur l’économie chinoise, autrefois portée par la frénésie immobilière.
Pendant des années, l’immobilier a été l’un des piliers de la croissance chinoise. Il y a à peine 15 ans, le secteur représentait près d’un quart du PIB national. Ce boom reposait sur un modèle risqué : vendre des logements sur plan, bien avant le début des travaux.
Mais lorsque la demande s’est effondrée et que Pékin a resserré l’accès au crédit, tout l’édifice s’est fragilisé. Résultat, les promoteurs se sont retrouvés à court de liquidités, incapables de livrer les logements vendus. Les chantiers se sont arrêtés net, la confiance des ménages s’est effondrée, et le cercle vicieux s’est enclenché. Ce qui fut un secteur clé pour la deuxième économie mondiale est devenu l’un de ses plus lourds fardeaux.
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Evergrande : faillite retentissante d’un géant surendettéParmi les acteurs emblématiques de cette crise, China Evergrande fait figure de cas d’école. Le groupe, dont la dette s’élève à 328 milliards de dollars, a fait défaut en 2021. Après des tentatives infructueuses de restructuration, la justice hongkongaise a ordonné sa liquidation en janvier 2024. Sa capitalisation boursière, qui atteignait 400 milliards de dollars hongkongais à son apogée, est tombée à 2 milliards.
La radiation d’Evergrande de la Bourse de Hong Kong est désormais programmée pour le mois prochain. Un signal fort, et inquiétant, pour le reste du secteur, car Evergrande n’est pas un cas isolé. D’autres grands noms comme Country Garden, New World Development ou Agile sont, eux aussi, en grande difficulté. Si une certaine stabilisation semble apparaître, elle reste fragile et à un niveau historiquement bas.
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Une crise à effets systémiques malgré les efforts de PékinLes chiffres sont éloquents. Au premier semestre 2024, l’investissement immobilier en Chine a chuté de 11 %, et le nombre de nouveaux chantiers a plongé de 23 %. Le secteur bancaire est, lui aussi, exposé, avec plus de 1 000 milliards de yuans de prêts considérés à risque. Une situation qui accentue la tension financière et dissuade les investisseurs d’acheter des obligations adossées à un secteur aussi fragilisé.
Pour tenter d’enrayer la spirale, Pékin a injecté des milliards, assoupli certaines règles et encouragé les collectivités locales à acheter les logements invendus. Objectif : maintenir artificiellement une demande et éviter un effondrement total. Mais les analystes restent prudents. La demande reste timide malgré les incitations, et le niveau d’endettement du secteur empêche toute relance franche. Ce que l’on observe, c’est surtout une recomposition lente et douloureuse du modèle immobilier chinois. Et ses conséquences risquent d’alourdir durablement les perspectives économiques du pays.