Randevoo - Episode 32

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ترجمه شفاهی : مصطفی شالچی

 

41.Conjectures

Alors il s’est passé une chose terrible : j’ai commencé à garder mes chaussettes pour dormir. Il fallait réagir, sans quoi bientôt je me mettrais à boire ma propre urine. Je me retournais dans mon lit en songeant à ce que m’avait dit Jean-Georges. Et s’il avait raison ? Il fallait rappeler Anne. Après tout, puisque Alice ne voulait pas venir, j’avais peut-être eu tort de divorcer. Tout n’était pas perdu : beaucoup de gens retombent amoureux de leur époux le lendemain du divorce. Tiens : Adeline et Johnny. Non, mauvais exemple. Euh, Liz Taylor et Richard Burton. Pas tellement mieux.

Je pourrais récupérer Anne. Il fallait récupérer Anne. Tout était rattrapable. Nous n’avions pas tout essayé. Nous allions tout essayer. À force de ne pas se parler pour se ménager l’un l’autre, nous nous étions quittés sans rien nous dire. Nous serions ensemble, à nouveau, et ririons bientôt en évoquant notre séparation. Nous en avions vu d’autres.

Non, à la réflexion, nous n’en avions pas vu d’autres. Autrefois les mariages résistaient à ce genre de passades. Aujourd’hui les mariages sont des passades. La société dans laquelle nous sommes nés repose sur l’égoïsme. Les sociologues nomment cela l’individualisme alors qu’il y a un mot plus simple : nous vivons dans la société de la solitude. Il n’y a plus de familles, plus de villages, plus de Dieu. Nos aînés nous ont délivrés de toutes ces oppressions et à la place ils ont allumé la télévision. Nous sommes abandonnés à nous-mêmes, incapables de nous intéresser à quoi que ce soit d’autre que notre nombril.

J’ai tout de même échafaudé un plan. J’espérais ne pas être obligé d’en arriver à cette extrémité mais le départ d’Alice en vacances avec son mari mérite une riposte nucléaire. Cette fois on jette la dignité à la rivière. Mon plan, c’est de rappeler Anne. Je décroche le téléphone avec un sourire que je voudrais machiavélique et qui n’est qu’intimidé.

 

42. L’émouvant stratagème

— Ça fait combien de temps qu’on ne s’est pas vus ? ai-je demandé à Anne en tirant sur la table du restaurant pour qu’elle puisse s’asseoir sur la banquette.

Avant, nous aimions dîner côte à côte dans cette brasserie, mais avant c’était avant, et ce soir nous dînons face à face. Elle m’observe avec curiosité avant de répondre :

— Quatre mois, une semaine, trois jours, huit heures et (elle dit cela en vérifiant sur sa montre) seize minutes.

— Et quarante-trois secondes, quarante-quatre, quarante-cinq…

Nous commençons par occuper la conversation avec toutes les choses qui permettent d’éviter l’essentiel : nos métiers, nos amis, nos souvenirs. Comme si tout ce qui s’est passé n’avait pas eu lieu. Mais Anne voit bien que je suis malheureux, et ça la rend malheureuse de ne pas en être la cause. Au dessert, énervée, elle m’agresse un peu.

— Bon, tu ne m’as pas invitée à dîner pour qu’on se raconte des histoires de vieux amis. Qu’est-ce que tu veux me dire ?

— Eh bien… Il y a des affaires à toi à la maison, je me demandais si tu voulais venir les récupérer. Et en même temps, on aurait pu en profiter pour passer le week-end ensemble et voir si…

— Hein ? T’es tombé sur la tête ou quoi ? On est divorcés mon vieux ! Je vois très bien que ce n’est pas moi dont tu es amoureux, et puis merde, je ne suis pas un jouet que tu peux trimballer !

— Chut ! Pas si fort…

Je m’adresse à nos voisins de table :

— Nous sommes divorcés, je viens de lui proposer de partir en week-end et elle a refusé. Voilà, ça va, vous savez tout. Vous pouvez arrêter d’écouter maintenant ? Ou alors votre vie


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